31 mai 2022

Pour finir ce merveilleux week-end, stagiaires, Pascal Caumont et Méliades ont partagé un très beau moment en public au milieu du marché aux plantes organisé par les Saisons vagabondes à l'Abbaye de Prébenoît. 

Tout y était : le soleil, les sourires, les chants, le partage... 

bravo à tous !

 

Le temps d’un week-end.../ Le concert

 

Dimanche matin, la nuit avait effacé les dernières rumeurs de pluie. C’est étrange comme on se sent parfois « chez soi », l’odeur de café à l’entrée de la grange, les friandises, apportées par qui déjà, les sourires d’un réveil pour certains un peu brumeux. Il avait fallu ranger cette nuit.

Un message de Marion, nous commencerons sans Elles (Anaïs, Clotilde, Maëlle, Marion bien sûr). Méliades pour qui le weekend est aussi un moment de travail et de création avec Pascal. Car pour tous le stage finira par un concert, passage obligé du partage.

 

L’échauffement semblable au matin qui se glisse dans la cour, respiration à l’écoute du monde et de soi. Calme et sourire de Pascal, nous avons tôt fait de retrouver le chemin de nos voix. Reprise du répertoire. Il faut bien nommer ainsi les quelques morceaux chantés hier, que la conduite maîtrisée de la transmission orale nous a fait apprendre, presque à notre insu. En Catalan, en Français comme en Occitan ce sont ces airs, dits traditionnels parce qu’arrivés jusqu’à nous par les chemins d’une pratique « non savante », que nous donnerons tout à l’heure à entendre.

 

Une pause, rien dans les échanges ne dit une inquiétude. Nous savons nos imperfections, nous connaissons les possibles écueils. Mais là encore la volonté de transmettre sans jugement de valeur ni incantation d’excellence nous fait sereins. Juste être au service de cette musique, pleine, ample et sincère. Et puis c’est beau. 

Répétition générale les pieds dans l’herbe. Le parc renvoie des échos de pépiements brefs. Quelques directives et aménagements supplémentaires, un concert reste un concert. Alex nous poursuit de l’assiduité de son regard, les images prolongeront ces moments éphémères pour dire notre plaisir à être là. Subrepticement, Méliades glisse ses voix dans les nôtres pour un dernier accord.

Nous allons pouvoir manger. Pique-nique improvisé sous les arbres pendant que les producteurs locaux installent leurs étals. Nous savourons à plein ces instants, la Vie est rencontres.

 

Le concert est à 16 heures, nous vaquons, jouant à passer le temps comme il est, relisant des textes car la mémoire est un jardin assoiffé.

 

C’est maintenant. Nous faisons demi-cercle face à un vrai public. Quelques habitués des Rencontres de l’abbaye, des producteurs, des passants venus faire leurs emplettes. Dès les premières phrases le lien instantané s’installe, magie des voix, de la musique construite là, au plus près de l’écoute. Ce lien qui est exigence pour nous. Faire passer tout ce que contiennent ces mélodies, tout ce que trois ou quatre voix superposées disent de la richesse de temps accumulés dans la transmission patiente. Ce que la simplicité apparente cache d’architectures secrètes où tout prend racine. La musique est un ressenti. 

Pour nous aussi. Car si c’est un concert de fin de stage, c’est aussi pour Pascal et Méliades le jalon supplémentaire d’un parcours déjà esquissé par l’écriture de chants harmonisés pour elles par lui. 

Pascal chante, seul d’abord. Tout ce qu’il a pu nous dire pour nous permettre d’appréhender la richesse de ces chants prend corps. Simplicité, qui n’est pas pauvreté, puissance d’une conduite de la voix qui ne cherche pas à séduire mais à dire, simplement, les chemins parcourus jusque là. La force du chant est dans l’intention. Nous ressentons mieux encore ce qui fait la richesse de ce geste du passage entre le temps et les êtres. Puis Méliades, seules ou avec Pascal. Et la tradition affirme son présent comme espace de création où tout reste possible. Loin de la perception erronée des faiseurs de modes quatre chanteuses tissent à voix pures la continuité de cette musique, pour peu qu’elle soit perçue, encore et toujours comme nécessité de liens. Eux cinq s’amusent à bousculer les codes d’une musique forte de sa permanence et de ses promesses, richesses des voix et de l’écriture s’accordant à merveille. La fluidité du chant cachant dans sa conduite la rigueur du travail accompli en amont cet après midi. Le public est conquis, l’oeil rieur de Ricet Gallet *, dont la présence est soutien et reconnaissance s’allume en retrouvant le temps de l’écoute les fruits du pari de la culture populaire et du travail à son service. Nous pouvons rentrer. Le temps d’un week-end nous avons avancé, encore, sur ce chemin du Passage. 

 

* Ricet Gallet est chargé de la Direction stratégique et politique du Centre Régional des Musiques Traditionnelles en Limousin, soutien et facilitateur du projet.