Masquées mais enchantées de chanter encore... une bien belle résidence dans le château de Ligoure les 3 et 4 Octobre 2020 ! Merci à toute l’équipe pour l’accueil dans ce lieu extra-ordinaire !
« Ah, qu’il ait été donné à Monsieur, descendu de cheval et gagnant à pas lents la terrasse que surplombait le regard oblique et fluide de la grande véranda, qu’il lui ait été donné de ne plus entendre le crissement du gravier sous sa botte, découpé puis recouvert par ces chants, ces rires, ce mouvement intérieur dont respirait la grande maison.
Sans doute aurait il eu plaisir à distinguer les voix connues, celles des enfants, des mères. Celles peut être de toutes les femmes qui faisaient au quotidien la grâce de cette demeure et en sauvaient, jour après jour, la précaution et la douceur.
Mais il est lourd le poids des automnes depuis lequel Monsieur Albert Le Play ne contemplait plus les murs de son château. Loin le temps où la musique des voix récitait le bonheur d’être, le simple bonheur que conférait alors la certitude de faire bien.
Pourtant, Octobre venu encore, l’esprit de Monsieur coulant son oreille dans les couloirs et finissant sa course assis au creux du grand salon, n’aurait pu que constater que la maison, en ce temps incertain et lourd, bruissait encore.
Etonné de nous trouver masqués, sans la grâce des joutes festives, il aurait pu deviner à la simple clarté des regards, à quelques mots dits et tout de suite envolés entre les notes. Deviner la confiance réciproque, à quelques gestes, ressentir le soutien, le partage infime. Quelque chose de ce que peut cacher ce qu’on appelle amitié. Il aurait ressenti, inventé peut être tout ce qui en amont aura construit la possibilité de cette harmonie. Les rires, les confidences intimes, les silences acceptés, les pas qui se frôlent sur les chemins croisés. Le respect profond de l’une pour l’autre, rien qui ne soit indifférent au partage d’un même désir.
Il aurait pu encore une fois apprécier ce que chanter ensemble veut dire, ce que l’harmonie des sons doit à l’harmonie des êtres.
Rien, juste un concert offert dans le risque de la nouveauté, de l’insécurité du lieu, du temps, de la stupéfaction muette de se sentir capable.
Quelque chose de Bleu. »
H.C.C - 19/10/2020