Azulie et Tactus ont réchauffé l'atmosphère dimanche dernier à Condat sur Vienne !
Un programme varié en langues, styles et époques qui ont permis de passer un excellent moment.
Bravo à tous, on en redemande !
Crédits photos : Alex OVERTON
Dimanche 11 décembre 2022.
Concert Azulie /Tactus, sortie de résidence.
Il suffirait d’attendre quelques heures, quelques jours. Attendre que sur nos écrans les millions de pixels s’ordonnent, ombre et lumière, pour dire à nos regards à la fois ce qu’est le cœur d’un « captureur d’images » et la force des images par lui capturées. Il suffirait d’attendre, de se laisser happer par les regards arrêtés pour saisir l’intensité du moment traversé ; quelques éclats de rire, des confidences volées à l’ombre des fenêtres pour deviner la confiance, mieux la complicité. Il suffirait de quelques mots pour prétendre savoir, et dire.
Mais tout cela ne serait qu’imaginaire, broderies et décor de vent, seules Celles qui étaient là savent le réel.
Pourtant, s’il est vrai que nulle chose n’existe que par elle même, il y aura bien eu lien entre ces deux jours passés au château de Ligoure et ce dimanche après-midi à Condat. Quelque chose de diffus ce sera échappé de cette parenthèse de temps, à peine refermée et déjà poreuse à elle-même.
Ce premier moment, fugace, anodin presque. Tactus est en raccord, étonnement tranquille, à la fois bon enfant et appliqué, encore une fois la sensation d’un ordinaire retrouvé, quelque chose de rassurant. La porte de l’église dessine un horizon de lueur blanche où l’hiver se coule.
C’est d’abord une, puis deux silhouettes ensemble qui dessinent dans la plaie du jour quelque chose de gracieux, d’envolé presque. Deux femmes. Leur démarche est légère, sinueuse comme une danse portée par la lumière. Puis elles sont groupe, leurs rires silencieux dit d’elles le respect et l’amour de la musique, mieux, il dit le plaisir qui les porte là. Des regards, des gestes de bonjour à peine esquissés pour ne pas briser la fragilité de ce qui se construit, et cette attention palpable, certaine comme est certain le flux de l’eau dans la rivière, à peine vu et déjà échappé. Elles sont là. Azulie, qui semble une volée d’enfants après l’étude, encore appliquées mais riantes de toute la force du bonheur accumulé. Elles sont là et tout à l’heure sera révélée la puissance qui les porte.
Tactus poursuit son chemin d’assurance. Tout semble sinon facile, surmontable. Il y a dans cette fluidité apparente quelque chose de profond, un socle de confiance sur lequel tout pourrait être construit.
Dans quelques minutes débutera le concert, Azulie et Tactus assemblés dans la même intention du don.
Voilà. Elles sont là, treize qui viennent habiter de leurs présences et leurs voix le temps et l’espace. Et dès les premiers accords ce qui se devinait tout à l’heure est mis à jour. Treize ? Non dira Marion, il n’y avait que douze chanteuses. Mais il est des regards qui ne trompent pas.
Une suite de pièces ciselées, où la difficulté des tenus le partage avec les dissonances furtives, qui ne sont que nécessité de dépasser les horizons. Un amoncellement cristallin, arrêtes abruptes et pans de lumière où malgré les pièges, les faux pas à peine perceptibles, fusent sourires et regards complices. Et cette liberté de la confiance réciproque. Tout dira combien est dépassé le simple partage du chant.
L’intensité de l’écoute, tout autant que la beauté des voix aura dit ce que nous avons pu recevoir dans ce cheminement de musique. Quelles promesses ont été faites là !
Tactus à son tour. A la fois souriant et grave, presque surpris de lui-même. Une autre lumière peut être, celle du nombre ? De la polyphonie plus éclatante des voix mixtes ? Un même plaisir en tous cas. Simplement une autre vision de la même intention, un même chemin où forcément le groupe tient sa part.
Où forcément la porte ouverte et maintenue accueillante de deux mains fixant le tempo suffisent peut-être à donner force et sens. Et toujours ce bonheur palpable.
H.C.C. 11/12/13 déc 2022