03 avr 2022

Entrer dans le vif du sujet, voler ensemble ! les 26 et 27 mars derniers... 

 

Flying Together, second round.

 

Samedi, première reprise. Temps doux, lumière de printemps. Très vite le travail reprend, comme un ordinaire. Echauffement tout en détente et pourtant la concentration est là, palpable, chaque corps prêt à l’engagement. Comme une appréhension mais avec la certitude que rien ne nous fera reculer.

En sparring partner de grande classe, Marion conduit les premiers swings, le jeu de jambes, les évitements et les attaques. Sa maîtrise et sa confiance gomment les appréhensions, effacent les doutes. Tout est détente et tout est rigueur.

Les premiers rires comme d’habitude fusent et harmonisent les craintes. Une équipe, engagée dans un même défi. Asseoir ce qui peut l’être, être sûr, être prêt pour demain, seconde reprise. Voler toujours plus haut.

 

Dimanche, cadre sublime et printanier encore des grands murs pâles de l’Abbaye. La chose prend corps ; d’autant qu’Andy est là, présent dans la simplicité de sa geste créatrice. Le décor est posé, grandiose.

Complicité palpable entre écoute et attention, placidité rieuse et concentré d'énergie, la rencontre voulue par Fabienne Taranne entre Marion et Andy. Grand merci lui en soit donné.

Choristes calés au bord du ring, étonnamment ramassés dans l’attente commune.

Franchir les cordes, attaquer les premiers punchs, enchaîner, s’engager sans attendre, se livrer sans baisser la garde. Reprendre souffle et repartir. Les notes glissent l’une vers l’autre, les accords les plus abruptes prennent vie au bord de leur précipice et jamais ne tombent. De l’autre côté des cordes Andy retient lui aussi son souffle, comme aspiré par l’intensité du moment. Olivia et Jean Baptiste tournent avec leurs soli une danse de moins en moins hésitante, sans relâche malgré l’altitude atteinte. Andy lève le regard puis la main. Une idée ! Une suggestion qui semble une évidence mais recule encore les lignes de ce qui est atteignable. Marion et Marion se croisent, sous la voute de pierre s’élève enfin le timbre de feu et de chair. Le choeur ne peut tout capturer de ce qui se joue, entier tourné vers un horizon nouveau à construire. Création.

A peine une pause pique nique, bienvenue, suspendue dans l’attente d’un après midi qui devra révéler que l’œuvre vit.

 

L’après midi comme un ultime assaut avant de refermer la porte. Passion et calme, légèreté et détermination. Il faut maintenant tenter le « filage». A peine le temps de se questionner sur ce que le coeur a pu retenir de ces enchaînements de figures, lignes de couleurs opposées, image d’un tout encore incertain.

Mais créer est un acte sans fin. Tout à leur place sous la résonance des arches viennent s’ajouter les timbres de la chabrette de Nino, qu’Andy a pensé dès les premiers instants de nos rencontres.

 

Nous sommes prêts, le sommes-nous ? Qu’importe. L’énergie de Marion se communique à l’espace où nous nous enfermons à plaisir. Ça y est. Musique lointaine, dissonances fabuleuses, mélodies à peine esquissées et déjà reparties, rythmes en rupture, solo, tenus, improvisation.

Une fois, deux, trois s’il le faut. Jusqu’à y être enfin.

 

Silence. Marion laisse retomber ses mains. Andy semble touché, souriant, conquis. Nous voilà, suspendus, épuisés, au bord de l’émotion.

 

H.C.C.